
Tu n’as pas grand chose à offrir après le sommeil. Le songe d’un oiseau, une porte entrouverte, une fraîcheur qui tinte à quelques mots. Tu n’avais en toi qu’une aube fragile. Une vague qui recommence mais pourtant ne se décourage jamais. Car il faut rester ardent au milieu des ruines. C’est un hasard que de vivre. Tout cet argent qui tombe dans les flaques, tout ce néant que l’on croyait inaccessible, tout est là, devant toi. Non une foi donnée mais une joie volontaire. Le temps commence maintenant. Il te prolonge. Tu n’en finiras jamais de tuer ta langue trop bavarde. Chaque jour, tu es le lièvre et la tortue qui avance vers le plus beau des silences.
Bruno Ruiz, 2021
Photo, Bruno Ruiz, 2021