Je rêve à perdre haleine. Je réussis même à ouvrir les yeux sous mes paupières. Je chemine à l’arrêt. J’arrose à l’eau ma flore intestinale. Je mets en terre des pots de fleurs, manière de leur rendre la liberté. Le temps est d’une incroyable élasticité. Les avions sont au sol. Finies les pistes blanches dans le ciel. Il faut tout réécrire. Même nos promesses les plus belles. Je suis au centre d’une étoile de mer. Une fois de plus, la nuit va me glisser entre les doigts. Une nuit froissée. Comme la mémoire d’une rue ancienne. Je n’ai jamais eu les mains tout à fait propres. Chaque jour me crible de patience. Que serais-je sans toi ô ma langue bien aimée ? Peut-être un drôle de silence roulant comme une ronce sur l’avenue presque déserte.
Bruno Ruiz, 2020
Peinture, Richard Conte, La rue, peinture froissée, 1978
Retrouve l’œuvre magistrale et protéiforme de mon ami d’enfance Richard Conte avec qui, pour la petite histoire, j’ai écrit mes premières chansons au début des années 1970.